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dimanche, 20 janvier 2008

LIBRES ?

J’avais lu deux critiques chez Pascale et Polysémie avant de voir le film, dans lesquelles on était d’accord pour dire qu’on ne pouvait ressentir de sympathie pour le personnage principal, qu’on ne peut effectivement pas qualifier d’héroïne. J’adhère complètement à cette analyse, en ajoutant que ce n’est pas un film sur des personnages, mais que Ken Loach nous balance en pleine figure l’élément central de son film : la société libérale que nous sommes en train de construire. Le personnage principal, c'est lui : THE FREE WORLD ! La problématique est en fait : Au nom de la liberté, vous prônez le libéralisme, mais vous n’en sortirez que plus aliénés. Pour servir ce « personnage » qu’est le monde libéral au plus bas de l’échelle sociale, il fait agir sous nos yeux un certain nombre d’êtres humains, dans des situations diverses, mais tous dominés par des gens socialement plus forts qu’eux. Dans une société libérale telle que l’Angleterre d’aujourd’hui, qu’on nous vante parce qu’il y a moins de chômage, moins de lourdeurs administratives, les gens vivent au jour le jour, en étant toujours la victime ou le bourreau de quelqu’un. Il semble en effet très facile de se transformer en exploiteur de sans papiers, au grand jour, sans que la police ou le fisc n’intervienne. Pascale nous dit « En effet, de victime, Angie devient exploiteur jusqu’à finalement être bourreau et utiliser la misère des autres, en profitant sans état d’âme des clandestins aux abois ».J’ajouterai qu’à force de les exploiter, elle en fait des bourreaux. Ken Loach montre bien comment l’exploitation par des patrons malhonnêtes crée des comportements mafieux chez les victimes, qui n’ont que cette défense-là, la justice ne pouvant rien pour eux, puisqu’ils sont sans papiers. Pascale parle de rédemption, et effectivement il y en a une once, dans le personnage de l’amie, qui, « enfin !!! » a-t-on envie de dire, rejette Angie et la laisse seule dans l’impasse où elle s’est elle-même engouffrée. Mais même ce personnage brille par sa lâcheté pendant les 4/5èmes du film ! Quant au grand-père chez qui Polysémie voit de l’humanité, c’est vrai qu’il est à priori moins mauvais que les autres personnages, mais c’est un faible, dont on voit qu’il a dû accepter sa condition sans combattre que ce soit dans son couple ou dans son travail, et qui, pauvre dans la société de consommation d'aujourd'hui ne peut être un modèle à envier pour Angie, et l’on ne peut s’empêcher de se dire qu’il est temps de se préoccuper autant de l’éducation de son petit-fils, quand on n’a pas su inculquer le minimum de valeurs humaines et politiques à sa propre fille ! L’art de Ken Loach, c’est de nous donner une vision objective jusqu’à l’inhumain, d’une tranche de vie, d’un morceau de société, dans un quartier donné, à un moment donné, sans jugement, ni accusation, ni pardon. A nous de faire notre propre analyse, et d’en induire un message en fonction bien sûr de notre vécu, et de nos convictions profondes, ce qui fait de ce film une œuvre multiple.

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