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dimanche, 15 juin 2008

A bas tous les drapeaux

J'habite le quartier de mon enfance. Née dans une maison située à 500 mètres de celle que j'occupe aujourd'hui, je suis arrivée ici, dans ce bureau qui fut d'abord ma chambre, en 1967. J'aime mon quartier. Parce que je m'y sens bien, parce que tout m'y est familier, les maisons, les magasins, les gens. Pas seulement ceux dont je connais le nom, mais ceux que je croise, que j'ai vus vieillir, et m'ont vue faire pareil. Il y a eu des changements aussi, des visages nouveaux, des arbres en moins, en plus, des ravalements de façades, des nouveaux habitants, plus nombreux, beaucoup de petits immeubles. C'est un quartier, ni pauvre, ni riche. Cosmopolite. Ni une aire résidentielle protégée, ni un ghetto défavorisé. Et j'ai toujours cru que ce petit monde vivait dans une cohabitation sereine et acceptée. Les vieux de ma rue, mes voisins portugais, le propriétaire du kébab au coin, et tous ceux dont j'ignorais la nationalité ou l'origine. Mais voilà que depuis quelques années, par moment, fleurissent aux façades des maisons, aux balcons, aux devantures des cafés, des symboles communautaristes, nationalistes. J'ai nommé des drapeaux. Et en ce moment, c'est une véritable épidémie. Ils se multiplient et grandissent. Même si ce n'est dû qu'au foot, opium du peuple ? nouvelle religion sectaire ?, je ne peux m'empêcher de trouver mon quartier moins accueillant, moins sympathique. Sur ma maison, construite en 1932, il y a un support où je pourrais accrocher un drapeau. Quand j'étais ado, je trouvais ça rétro et ridicule, légèrement réac, un souvenir d'architectes qui avaient connu une guerre ou deux. Mais voilà que je m'aperçois que grâce à ce sport que d'aucuns défendent en disant qu'ils rapprochent les peuples, les races, les classes sociales, ce petit appendice dans lequel on est censé enfoncer la hampe du drapeau reprend toute sa valeur guerrière, chauvine et communautariste sectaire. Et malheureusement cela laissera des traces.

Cela me semble de plus une insulte à ceux qui ont besoin de défendre leur drapeau parce qu'on empêche une nation d'exister.