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dimanche, 27 avril 2008

Parents, lisez !

Je suis pépé. Cela veut dire que je suis la synthétiseuse d’informations venant de tous les professeurs vers les parents, l’administration, et les élèves. Par ailleurs je suis la gentille animatrice des conseils de classe, organisatrice de la sortie « prise de contact » en début d’année, la rappeleuse à l’ordre quand la Vie Scolaire ou les documentalistes me sollicitent, et on voudrait en plus que je fasse le travail des Conseillers Psychologues d’Orientation (appelés couramment « COPS », ce qui ne fait sourire que les profs d’anglais.). Plutôt que de faire leur travail et ainsi favoriser la suppression annoncée de leurs postes, je leur envoie régulièrement des élèves, prenant parfois moi-même les rendez-vous, quand mes secondes traînent des pieds, et vérifiant qu’ils y sont bien allés.

L’orientation, c’est aussi informer les parents, qui le sont déjà par les bulletins de notes, et qui sont cordialement invités à une première réunion d’information mi-octobre, puis une rencontre individuelle juste avant noël, (c’est là que ceux qui viennent décident s'ils pourront économiser en privant leur enfant de MP3 ou de playstation…). Par ailleurs il y a une feuille dans le cahier de textes où l’élève doit, selon le règlement, inscrire régulièrement les notes obtenues. Mais, c’est là que le bât blesse, car la communication et la confiance réciproque, entre les parents et leurs enfants de 15 ans, ce n’est pas une vérité universelle. C’est pourquoi, jeudi et vendredi soirs après mes cours, alors que je recevais les parents dont les vœux provisoires ne correspondaient pas à notre décision provisoire, j’ai eu l’impression d’annoncer des nouvelles parfaitement inattendues. J’avais convoqué les familles tous les quarts d’heure, et je dois dire que j’ai fait mieux que ma généraliste : jeudi je n’ai pris aucun retard, et vendredi je ne suis sortie que 7 minutes après l’heure prévue !

J’ai eu droit au père sûr de lui, et péremptoire, qui clame que de toutes façons c’est lui qui décidera du passage ou non, semblant oublier qu’il y a une procédure légale, une commission d’appel, etc, et qui s’enorgueillit d’avoir déjà tout décidé pour son fils, en l’occurrence il fera une école d’ingénieur comme son frère ! Le fils est livide et impassible à côté, alors qu’il est vautré et insolent d’habitude… Il y a eu aussi la mère de celui à qui je voulais surtout donner un coup de pied aux fesses moral, vu que je ne suis pas idiote, et sais très bien qu’on n’empêchera pas 19 élèves (nombre de cas convoqués…) de passer sur une classe de 34 !, qui n’est là que pour le défendre coûte que coûte. Eh bien, Madame, si vous souhaitez que votre fils reste fumiste, et gâche ses possibilités, libre à vous. J’ai aussi essayé d’expliquer à des parents psycho-rigides et hyper angoissés, que leur fille aurait besoin de faire du yoga ou de la sophro avant les devoirs, pour ne pas perdre 90 % de ses moyens… Mais l’émotivité et la tétanie qui en découle semblent « courir dans la famille » (comme disent les anglais). Plusieurs aussi prétendent (le croient-ils vraiment ?) que leur enfant pourra en un mois rattraper deux ou trois points de moyenne générale ! Bien sûr ils lui paieront des cours particuliers tout l’été (Bourreaux d’enfants !!!) Un autre m'assena qu'on lui  avait dit, pourtant, que nous étions un bon lycée...  Et enfin, j’ai appris qu’un élève prétendait être handicapé parce qu’il est paresseux ( !) et donc assurait qu’un redoublement ne servirait à rien et qu’on devait l’excuser… Alors que mon élève handicapé, réellement, est prêt à redoubler, pour arriver au bac, le temps et les efforts comptant moins pour lui que le but à atteindre.

Sur les 19, 14 m'ont quand même dit "merci".

Après cela, je me suis détendue hier au soleil, et aujourd’hui me suis remise courageusement au boulot, me demandant quand même si je devais continuer à provoquer ce genre d’entretiens.