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vendredi, 16 juillet 2010
MA RUE EST VIDE
Ma voisine d'en face s'en est allée. Je n'aurai plus sa présence discrète, mais rassurante. Elle qui me prévenait quand mon père n'avait pas ouvert ses volets à 9 heures. Qui alertait ma tante quand j'étais partie en vacances et qu'une tempête avait ouvert la porte de la rue, et fait envoler une tuile. Qui prenait le colis ou l'enveloppe trop grande pour ma boîte, pour m'éviter d'aller le lendemain dans le bureau jaune attendre vingt minutes. Qui ne m'a laissée entrer chez elle qu'une fois pour téléphoner le jour où mon père avait, lui un peu trop tôt, décidé de quitter la rue. Qui ne serait jamais entrée chez moi, mais sur qui on pouvait compter, qui qui savait que les gens de la rue lui rendraient les mêmes services. Qui sortait au moins une fois par jour faire le tour de sa maison. Trouvait une raison d'ouvrir sa porte si quelqu'un sonnait chez moi, ou pire, entrait alors que je n'étais pas là. Qui me parlait au moins une fois par semaine pour me demander brièvement des nouvelles de ma tante, de mon chat ou de mon jardin. Qui m'avait connue toute petite, mais ne m'a pas prise pour une irresponsable quand je suis venue m'installer dans la maison. Qui aurait pu écrire ma vie dans le détail, mais ne faisait jamais circuler un ragot. Qui ne s'est jamais mariée et n'a toujours compté que sur elle-même. Elle qui n'avait plus de famille, mais laisse une rue un peu orpheline.
10:00 Publié dans Emotion, Humeurs, Total Respect | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : vive la vie, blog de femme, femme, femmes, rue, voisins, départ définitif
Commentaires
Elle est jolie ton histoire, on se croirait dans Wisteria Lane. Il faut dire que je regarde en ce moment la saison 2 en DVD, ça doit me taper un peu sur la tête. Je comprends qu'elle te laisse un vide cette dame.
Écrit par : Agathe | vendredi, 16 juillet 2010
Répondre à ce commentairepourvu que sa maison soit vite squattée!
Écrit par : imposture | vendredi, 16 juillet 2010
Répondre à ce commentairepourvu que sa maison soit vite squattée!
Écrit par : imposture | vendredi, 16 juillet 2010
Répondre à ce commentaireTriste
Écrit par : Cunégonde | vendredi, 16 juillet 2010
Répondre à ce commentaire@Agathe: y'a peu de familles avec plein de gosses dans ma rue. Ca serait plutôt Geriatria Lane...
@imposture : si c'est par des gens sympas, why not, mais je crois plus aux rapaces qui récupèrent n'importe quel terrain petit ou grand pour y faire des immeubles. beurk.
Au mieux, des "maisons de ville".
@Cunégonde : oui, j'ai eu l'impression toute la journée qu'elle allait sortir me dire bonjour.
Écrit par : Ed | vendredi, 16 juillet 2010
Répondre à ce commentaireIl faut vivre dans des petites villes pour regretter sa voisine si attentive.... Il y a un monde entre les grandes et les petites villes ! On voit à la tête des gens s'ils viennent de la campagne ou de la ville.... Bon après midi.
Écrit par : elisabeth | vendredi, 16 juillet 2010
Répondre à ce commentaireC'est un joli hommage que tu lui rends là. J'espère qu'elle savait ou avait senti tout cela.
Écrit par : Virgibri | vendredi, 16 juillet 2010
Répondre à ce commentaire@Elisabeth : Ma ville n'est pourtant pas "petite", mais je suppose que j'ai de la chance d'habiter un quartier ancien de petites maisons.
@Virgibri : oui, je crois qu'elle savait tout cela, d'après ce que m'a dit hier son aide-ménagère. De plus je m'étais autorisée à aller la voir à l'hopital où elle m'a parlé de manière un peu plus "personnelle", me racontant des souvenirs de mon enfance...
Écrit par : Ed | vendredi, 16 juillet 2010
Répondre à ce commentaireTrès joli texte. Vous aviez de beaux rapports en somme.
Écrit par : Axel | samedi, 17 juillet 2010
Répondre à ce commentaire@Axel : des rapports de bon voisinage, comme on dit. On n'était pas amies, mais elle faisait partie de mon monde, je m'en aperçois encore plus depuis que ses fenêtres ne s'ouvrent plus, et que je ne pourrai plus sonner pour lui demander si chez elle le courant marche, si le facteur lui a laissé qq chose pour moi, si ma voiture la dérange si elle dépasse devant son garage... , et que je ne la verrai plus venir me répondre avec le sourire, invariablement.
Écrit par : Ed | samedi, 17 juillet 2010
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