Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 20 octobre 2020

COLERE, TRISTESSE, EFFAREMENT, SIDERATION.

Que dire ? Je suis atterrée. Au moment même où je faisais mon discours de retraite, assurant mes collègues de mon empathie et mon soutien quant aux conditions de plus en plus difficiles, par la faute de notre hiérarchie, dans lesquelles ils doivent enseigner désormais, un professeur se faisait décapiter. Depuis, pas une minute son visage, son honnêteté, sa femme, leur enfant, ne quittent mon esprit. Je vous partage ici un texte que j'ai trouvé sur facebook. Aux divers sentiments énoncés dans mon titre, j'ajouterai l'écoeurement à voir un gouvernement soutenir un ministre qui n'a rien fait pour protéger ce professeur, mais qui soutient la rectrice de l'académie de Versailles, en mentant éhontément.

 
 
Abasourdi,choqué et bouleversé par le meurtre sauvage de Samuel Paty par décapitation. J'ai été Professeur d'histoire pendant 13 ans en banlieue parisienne de 2001 à 2013, principalement en ZEP et en lycée. Passionné par mon metier, j'ai pu faire découvrir à mes élèves des vers des grands poètes Omar Khayyam ou Abu Nawas chantant l'ivresse du vin, leur faire découvrir la pensée de Ibn Roshd/Averroes qui a tenté de concilier la foi et la raison, leur faire connaître toute la complexité et diversité de l'Islam comme le courant mutazilite ( partisan du Coran incréé qui permettait une interprétation plus ouverte des textes). On ne nous demandait pas d'aller aussi loin mais je ressentais ce besoin de les armer intellectuellement car ils avaient pour beaucoup des connaissances parcellaires d'un Islam fantasmé et nous étions déjà après le choc des attentats du World Trade Center qui je pense a été un véritable point de rupture.
Aujourd'hui, le débat est polarisé par ceux qui instrumentalisent ces dérives identitaires et des revendications communautaristes. J'ai vraiment le sentiment que les racistes anti musulmans et ceux qui en font leur commerce et toutes ces personnes qui crient à l'Islamophobie à tout vent sont des alliés objectifs qui n'existeraient pas l'un sans l'autre. Qu'il est difficile de faire entendre une autre voix plus fragile, plus sensible sur ces questions.
Enfant des années 80, on ne se posait même pas la question de nos croyances religieuses à l'école. Jamais il nous serait venu de demander des exceptions car musulman. En devenant professeur, j'ai pu observer à quel point l'identité musulmane était devenue centrale chez les élèves. Nous devrions nous interroger sur cela aussi. Je suis encore plus halluciné quand des français de culture musulmane hyper privilégiés jouent sur les souffrances réelles d'une partie des musulmans et vénèrent les théories simplistes et essentialistes des indigénistes. Ce 'Eux' et 'Nous' est devenu insupportable !!!
Je ne suis pas un racisé et je ne suis pas une diversité non plus. Quand bien même une certaine élite voudrait me réduire à mon identité première, m'essentialiser. J'ai toujours refusé d'intérioriser ce sentiment d'infériorité ou alors même si j'ai pu parfois le ressentir intimement ou plutôt je m'interrogeais sur la question de ma place, je suis allé m'allonger sur le divan ou alors j'ai tenté de sublimer cela par mes créations artistiques.
Ce que je veux dire par là,c'est qu'on peut aimer la France et son pays d'origine. On peut concilier nos multiples identités sans se soustraire. Oui, il y a un impensé colonial et on en parle de plus en plus et tant mieux mais tous ces discours où on veut nous faire croire que nous vivons ce que les Juifs ont vécu dans les années 30 et où on veut nous faire passer pour les "indigènes de la République" ! Non, les musulmans ne sont pas opprimés en France ! Oui, il y a des salopards racistes islamophobes mais nous nous ne sommes pas obligés d'écouter les inepties de Pascal Praud ou les grosses têtes ! Et tous ces pseudos penseurs
Aux hussards noirs de la République, à mes anciens collègues ! Continuez de transmettre, de distiller l'esprit critique et les idées subversives, d'interroger et de questionner notre monde avec vos élèves. De faire découvrir ces grands islamologues comme Mohamed Arkoun ( RIP)car les médias lui ont préféré la pensée low-cost à la Tarik Ramadan.
Samuel, paix à ton âme, je pense à toi, à ton épouse et à tes proches et espérons que ta mort suscitera un véritable sursaut d'union pour combattre ensemble ces obscurantistes islamistes.
Vive la France fraternelle et notre République métissée !
PS: les parents d'élèves qui ont publié des vidéos pour attaquer verbalement le professeur méritent d'être sévèrement condamnés car les mots peuvent tuer ou pousser au crime. Je remercie mon père qui donnait toujours raison aux professeurs.
Kamal Hachkar, cinéaste franco-marocain, Rabat, le 17 Octobre 2020.

vendredi, 09 octobre 2020

Les couleurs sont les touches d'un clavier, ... *

J’ai repris mon cours de peinture. Mesures Covid évidemment ! Le moins bien : un sens des déplacements a été imposé, ce qui fait qu’à chaque fois qu’on doit aller changer l’eau de son pot ou se laver les mains, on doit faire un détour autour de la salle en passant par l’extérieur. Les élèves, en tout cas lors de cette première séance, derrière leurs masques et aux places indiquées par des autocollants bleu, ont été très statiques. Cela retire un peu de convivialité. Les consignes du prof sont plus difficiles à entendre aussi.

Mais il y a des avantages ! au lieu de la quarantaine ou plus d’élèves des autres années, nous ne sommes que 22 et cela ne devrait pas augmenter. Quel calme ! quel confort ! On a de l’espace, on voit bien tout le monde et le sujet que l’on a à peindre. Et les gens sont plus calmes aussi.

Bref, pour l’instant, je suis ravie de la manière dont mon cours se présente. Et même si je dois limiter le matériel que j’emporte car j’y vais avec mes pieds + le tram, et que ce tram ne me rassure pas, car passé 20h les gens ne portent pas tous un masque, en tout cas correctement, je vais m’y tenir et aller travailler sérieusement ma peinture.

Première séance : cercle chromatique. Dans ma vie, j’ai dû faire cet exercice au moins 6 fois, mais de six manières différentes. Alors, ça ne me dérange pas. Il faut réviser, et que les bases deviennent des réflexes.

La semaine prochaine, on travaillera sur le monochrome. Cela me rend impatiente. Si, si !

cercle chromatique.jpg

*...les yeux sont les marteaux, et l'âme est le piano lui-même, aux cordes nombreuses, qui entrent en vibration.

Wassily Kandinsky

jeudi, 01 octobre 2020

Happy Retirement to me !

Cette nuit à 0h01 je suis devenue retraitée. C'est-à-dire libre, légère. Je vais pouvoir écrire, dessiner, peindre, marcher, voyager, cuisiner, jouer, rêver, rencontrer, bavarder, fêter, magasiner... Sans culpabiliser parce que mes copies ne sont pas corrigées, mon cours pas prêt. Sans me demander soudain si je n'ai pas oublié quelque chose. Evidemment en raison des circonstances actuelles, il y a des limites à ma liberté. Voyager, sauf si la Covid m'arrête. Marcher, dans les limites où ma cheville le supporte. Mais la légèreté, je vous assure, je la sens déjà.

Samedi, j'organise un petit apéritif pour les happy few qui braveront le virus. Mais nous serons 9. J'ai besoin de voir mes amis, de leur dire que je vais bien. J'ai commencé à cuisiner. Tout en regardant une série sur Prime Vidéo. En anglais bien sûr. Ce matin, des amis m'ont emmenée faire des courses, car je ne conduis pas encore et ADMV prend la voiture pendant la semaine. En revenant, je leur ai proposé un thé, qu'on a bu tranquillement, en bavardant. J'ai le temps, le droit de traîner ! J'adore.

IMG_20200927_154207.jpg