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mardi, 29 mars 2011

La police est sur les dents, celles des autres, évidemment.*

Une énorme manifestation à Londres, qui commence pacifiquement et dégénère à cause de casseurs. Là-bas aussi c'est l'éducation qu'on sacrifie. Le prix des études supérieures va tripler dès l'an prochain.

De ce qui c'est passé à Londres mercredi, vous n'en avez sûrement rien vu. Les journalistes ici ont gardé un silence étonnant. Non, finalement, pas étonnant, il faut conserver le mythe qu'il n'y a qu'en France que les gens manifestent. Il y avait pourtant déjà eu d'importantes manifestations étudiantes en Angleterre le 20 mars et le 11 novembre 2010 et le 29 janvier 2011.

 

 

Ce qui est différent, ce sont les policiers. A Londres, ils ne sont pas plus violents que les manifestants.

*Boris Vian

mardi, 19 octobre 2010

"JE DETESTE LES LYCEENS GREVISTES" Titre d'une page facebook...

Bien sûr nos élèves ne font pas tous la grève pour des raisons politiques ou économiques mûrement réfléchies. Bien sûr les tags sur le mur du lycée ne portent pas de messages existentiels ou philosophiques. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents qui donnent une culture et une éducation politique. Et bien sûr, leur attitude est souvent comme celle des jeunes chiens, imprévisible, un peu mordante, difficilement maîtrisable. Ils ont entre 15 et 18 ans, ce sont des enfants. Mais pour autant, je ne crois pas que pour la majorité d’entre eux, faire la grève, bloquer le lycée (ou simplement essayer), manifester, soit purement une manière de sécher les cours.

 On leur parle des premiers mouvements de grève lycéens, ils s’identifient, et sentent monter en eux solidarité et colère quand ils voient un ado se prendre une balle de flashball dans le visage. Ils n’aiment pas qu’on leur dise qu’ils sont manipulés. (Comme je n’aime pas qu’on me dise, quand je ne suis pas d’accord avec une décision politique, que j’ai besoin de « plus de pédagogie »), personne n’aime passer pour un simple d’esprit qui ne sait pas prendre ses propres décisions.

 Alors ce matin, avec quelques collègues, on est allé les suivre du lycée au point de départ de la manif. Pas pour leur dire où aller, que faire. Mais pour leur montrer qu’on n’était pas « contre eux », que des adultes pouvaient être là pour être témoins, voire les protéger. Ils l’ont bien pris. Sont allés parler posément avec les deux policiers dans leur camion, qui eux aussi ont montré qu’ils étaient là pour eux, et non contre eux. Personne n’a hurlé à la violence quand une ou deux pommes de terre ont été lancées contre les grilles du lycée. La proviseure ne s’est pas cachée à l’intérieur de l’établissement, mais a parlé aux élèves comme à des élèves, pas comme à des casseurs.

 Et dans l’ensemble, la manif s’est bien passée. Les slogans sont restés convaincus et sensés. Il y avait de la musique, mais pas trop, du bruit, beaucoup, pour dire notre ras-le-bol d’un gouvernement qui prend des décisions non justifiées, sans négocier, sans prendre en compte l’opinion publique. Contre un gouvernement formé de tellement de ministres dont on a la preuve qu’ils sont malhonnêtes. Contre des élus qui votent pour une réforme de NOS retraites, mais votent le maintien de LEURS privilèges.

 Même si la réforme passe finalement, je ne regretterai pas mes 5 journées de grève, mes 8 manifs, mon blocage du rectorat, et les heures de cours où si peu d’élèves étaient là. Qu’est-ce que dix jours de cours par rapport à une vie ? Mes élèves, grévistes ou non auront vu que l’on peut s’opposer, que l’on a le droit d’être critique, et que parfois, l’on n’est ni entendu, ni respecté. Cela leur reviendra en mémoire, j’espère le jour où ils voteront, où ils auront des enfants, où ils seront profs ou au chômage. Et moi, cela me prépare aux futures batailles. Il y en aura, forcément.

C'était ma première grève. Mon père m'avait obligée à lire le texte de la réforme avant d'aller manifester. Depuis, la seule manière de faire entendre sa voix, c'est d'aller dans la rue. Depuis Allègre, les ministres s'autorisent à refuser de recevoir les syndicats. A chaque fois qu'on a pris du temps pour répondre à des pseudo-questionnaires ministériels, nos réponses n'ont pas été prises en compte, les réformes étaient déjà rédigées, bâclées. Pour la retraite, c'est pareil. Mais si je me tais le jour, je ne dors  pas la nuit.