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vendredi, 20 juin 2014

Deviens sans cesse celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi-même.*

C'est la première fois.

Un élève au premier rang écrit quelques lignes sur son brouillon après avoir, je suppose, lu le sujet. Puis, je remarque qu'il prend une position assez rare, on croirait qu'il a deux coudes à son bras gauche, pour réfléchir. Quelque chose comme ça:

vive la vie,baccalauréat,philo,élève,banalement idiot

Un bruit léger, mais régulier, m'alerte. Il dort. Le collègue mâle va lui demander s'il va bien. L'élève sursaute, mais répond que oui. 

Mais aussitôt le bruit reprend, plus dense, encore plus régulier. Soudain, il ronfle bruyamment. Cela étonne et fait sourire les voisins. Mais que faire? il n'est pas malade. Le voilà qui se réveille et s'aperçoit qu'il a bavé sur son bras. Il change alors de position.

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Ce n'est pas mieux. Du coup, il essaye ça:

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Et ça ne convient pas non plus. Mais il adopte quand même cette position. Il faut bien faire des choix !

Finalement, je suis allée chercher le CPE, qui lui a parlé un peu sèchement, il a quand même écrit deux heures, pour rendre une feuille d'environ 400 mots ! Dont au moins 4 fois la phrase suivante:

"Chaque individu est différent l'un de l'autre".

Il aurait dû choisir le sujet 1 sur le choix et la liberté.

Coïncidence étonnante, le livre léger que je lisais, prêté par une collègue était : "Libre et Assoupi." !!!

Ma conclusion : Je lui conseille de rester endormi chez lui le jour des résultats. L'effort violent pour se déplacer n'en vaudra sans doute pas la peine.

* Nietszche

 

 

jeudi, 28 juin 2012

Sur la terre tout à une fonction, chaque maladie une herbe pour la guérir, chaque personne une mission. *

Il y a un truc qui m'obsède depuis que je suis prof en lycée, c'est l'angoisse de perdre ou détruire par accident les copies de bac que j'ai à corriger. Evidemment, je ne m'amuse pas à aller au square du coin avec et les laisse à la maison si je fais la fête un soir, mais il y a deux moments où l'on ne peut éviter de les avoir avec nous dans un lieu public, et ces moments peuvent être connus par n'importe qui. Le premier, c'est quand on va chercher les copies dans une belle enveloppe marron au centre local où toutes les copies, de toutes les matières sont rassemblées. On les compte, les recompte, on montre sa carte d'identité (il y a quelques années, on ne la montrait même pas, ce qui m'avait beaucoup choquée), on signe, re-signe, et on part la peur au bide. On se gare et jusqu'à ce qu'on ait refermé la porte derrière soi, on a la sensation d'être un agent très spécial de l'état, cible potentielle de terroristes anti-bac. Le deuxième, c'est un matin, quand on part en voiture vers le lieu de délibération de notre jury. Là, on a déjà rentré nos notes sur informatique, mais on rapporte les copies. Il y a toujours la crainte d'un accident, vu qu'on corrige souvent à une distance de 100 à 200 km de chez nous. Et un car-jacking serait fatal.

En 17 ans de bac, rien ne m'est jamais arrivé, mais, néanmoins, l'angoisse m'étreint tous les ans, et ce n'est pas seulement parce que mon père était cheminot.

A Marseille, ville de tous les dangers (voir ici), un mec a dû rester tout con avec sa kalachnikov dans la main gauche tandis qu'il ouvrait avidement la sacoche de la main droite ! Au lieu du fric attendu, 34 copies de philo !!! Et comme dessus il n'y a aucun nom mais seulement des numéros, l'abruti n'a même pas la possibilité, ni de remercier celui qui l'aura le plus fait rire, ni de dézinguer celui qui l'aura le plus fait chier. Enfin, encore faudrait-il qu'il ait pris le temps de lire. Rien n'a été dit sur l'état de la prof. On s'est seulement perdu en compassion sur les 34 chéris qui doivent refaire l'épreuve. Si ça tombe, ça aura été la chance de leur vie ! Et en plus on sera encore plus "bienveillant" avec eux, cela a été précisé. Mais savoir si elle, on va être bienveillant à son égard, là, c'est un mystère.

Le sujet de remplacement ?...

*Sagesse Indienne

jeudi, 16 juin 2011

Lorsqu'on a perdu toutes ses illusions, il reste encore à perdre l'illusion suprême qui est de se croire sans illusions.*

Série L : «Peut-on prouver une hypothèse scientifique?» ou «L'homme est-il condamné à se faire des illusions sur lui-même?» (Pas d'info sur le texte...)

Série ES : «La liberté est-elle menacée par l'égalité?» ou «L'art est-il moins nécessaire que la science?» Le texte à commenter est extrait Des Bienfaits de Sénèque. 

Série S : «La culture dénature-t-elle l'homme?» ou «Peut-on avoir raison contre les faits?» Ou ils peuvent commenter un texte issu des Pensées de Blaise Pascal.

Edit 17/06/11, 11.02 :

Bac STI  et STG :

"Est-ce la loi qui définit ce qui est juste ?" ou "L’art est-il un moyen d’accéder à la vérité ?"

En fait, deux sujets que j'aurais volontiers traités. Je devine que la majorité des élèves de mon lycée auront choisi le deuxième, étant donné leur spécialité.

J'ai trouvé tout ça à l'instant, au conditionnel. Et on ne dit pas quel texte ont eu les littéraires. En L, j'aurais choisi le deuxième sujet.

Comme on ne peut atteindre la perfection, mais qu'on en rêve tous. Et qu'admettre qu'on est inférieur à ce à quoi on rêve. Alors, si on ne veut pas risquer de se suicider pour cause de déception permanente, il faut bien se faire des illusions sur soi-même.

Bon, évidemment, c'est à développer, à mettre en rapport avec une notion du programme, que je n'ai pas étudié, mais voilà vers quoi je partirais. Et vous ?

En cherchant une illustration pour ma note, je suis tombée sur ce dessin du Chat de Gelück, et je ne résiste pas à l'envie de la publier. Bon, je sais, cela n'a aucun rapport avec ma note. Quoi que.

* Claude Roy

jeudi, 01 avril 2010

POUR FAIRE CONCURRENCE A CACADOMIA

La maman d'une de mes secondes à qui on avait dit de bosser à la fin du premier trimestre, a en conséquence payé pour qu'elle fasse un stage d'anglais pendant ses vacances de noël, révisions des bases, trois élèves dans le groupe. Ca parait idéal... résultat: baisse de la moyenne générale au deuxième trimestre, et cata en anglais. Re-rendez-vous avec la maman. Là, je suis claire avec Marie-Madeleine (c'est mon élève, blonde platine, maquillée tip-top, mais pas vulgaire, une réelle intelligence dans le regard et un grand poil dans la mimine droite), je lui ai dit "Faire dépenser des sous à ses parents pour les punir parce qu'on a un mauvais bulletin, c'est bien, mais se prendre en main et faire ce qu'on te demande en classe et à la maison, c'est mieux." Elle a admis. On verra.

Car les conseils, les promesses de mieux faire, de s'y mettre, les "si, si, je vous assure, je vais progresser de trois points d'ici le mois de juin!, pourquoi personne ne me croit ?", j'en donne et j'en entends tellement souvent, depuis tellement longtemps, que je suis devenue un peu fataliste. Néanmoins, pour les élèves de terminales qui passeraient ici, et qui par ces temps de crise voudraient faire économiser quelques sous à leur parents, et empêcher Cacadomia de s'en faire sur leur dos, je vais donner ici un conseil. En effet, je viens de corriger les copies de bac blanc. La compréhension, c'est plutôt pas mal. C'est qu'ils comprennent plus qu'ils ne voudraient nous le faire croire à l'oral ! Mais en expression, là, pas moyen de faire dans la débrouille, de faire comme si.

Il y a quand même des erreurs à éviter. Il y a quasiment toujours deux sujets. L'un ouvre une discussion sur un sujet souvent chiant, mais en rapport avec le texte, genre, "La vie est dure pour tout le monde, mais surtout pour les jeunes. Etes-vous d'accord?" ou "Le héros pense qu'il n'arrivera à être heureux qu'à l'étranger, partagez-vous cette opinion?", ou encore "Vaut-il mieux être au chômage, malade et orphelin, que travailler dans une banque, en logeant chez ses parents, de manière à se payer une bonne mutuelle? Argumentez." En général, ce sujet est sans piège, chiant, je l'ai dit, mais il permet de ressortir les mots de liaisons vus en classe, les expressions pour donner son avis, bref, d'étaler le peu d'anglais qu'on connait, et pour peu qu'on n'oublie pas de donner un ou deux exemples concrets, on a une note correcte, même en oubliant tous les s de la troisième personne.

L'autre sujet, lui, est en rapport direct avec le texte. Il s'agit soit d'imaginer la suite de l'histoire, soit qu'un des personnages raconte à quelqu'un absent du texte ce qui s'est passé. Souvent on demande au futur (on l'espère) bachelier une lettre, ou un dialogue. Et ça, c'est le plus casse-gueule. Je le dis et le répète à mes poulains (ben oui, Ed le dada, aime cette expression), méfiez-vous de ce sujet qui semble facile et vous coule si facilement. D'abord on a beau les répéter à chaque correction de devoir, les élèves oublient les règles de présentation d'une lettre, les formules de politesse, et les règles de ponctuation pour les dialogues. Ce n'est pas si difficile, il suffit de regarder le texte et de faire pareil, mais non. Z'y arrivent pas. Et puis il y a le niveau de langue, la cohérence des lieux, des dates, etc. Dès qu'ils se lancent dans une lettre ou un dialogue, les élèves oublient le point de départ et nous offrent de délicieux anachronismes ou erreurs culturelles. Ca nous fait rire, mais ça leur fait perdre des points. Ils oublient même le conseil de base, qui était de se méfier de ce sujet, et ils le prennent tous.

Dans mes dernières copies, le dialogue était censé se passer en Irlande. Un élève a quand même pris comme exemple la ville de Londres. Et on n'exige pas de noms purement Irlandais, John et Betty nous iront très bien. Mais là, j'ai eu une mère qui s'appelait "Monique" et une autre "Mrs Evian" ! Ca m'a fait rigoler. Mais comme je suis cool, je n'ai pas pénalisé. Après tout, pourquoi les mères irlandaises ne seraient-elles pas fruitées ?

Je ne résiste pas à partager une perle dans une excellente copie, il y en a une qui disait que la mère avait les yeux "wild opened" !

vendredi, 19 juin 2009

CHIFFRES DU BAC

... Vu du fond.

8 capuches - 1 short - 18 pantalons - 4 pulls ou T-shirts rayés - 1 T-shirt Eden Park Tournament - 12 paires de tennis ou baskets basses - 4 paires de ballerines - 1 paire de chaussures pintues noires - 2 paires de chaussures de mecs autres que baskets - 2 coupes au carré très clean - 5 queues de cheval courtes et ébourriffées avec chouchou - 2 coupes de filles indéfinissables (les coupes, pas les filles) - 5 coupes très courtes prêtes pour l'armée - 4 coupes un peu plus longues très cools - 1 coupe savamment dans le vent à la Sagan - 13 bouteilles d'eau - 3 têtes qui revassent souvent - 1 photo panoramique de Hambourg ou autre ville allemande au-dessus du tableau - 2 paires de bras nus

C'est fini, il parait que c'était facile. Je ne sais pas, je n'ai même pas lu le sujet.

jeudi, 18 juin 2009

LE TEMPS NE FAIT RIEN A L'AFFAIRE

François de Closets, 75 ans, qui a fait des études de droit, puis l'IEP, donc pas d'études scientifiques, mais ne parle en général que de sciences, a péroré à la radio à midi, pour sortir le refrain éculé et qu'on entend depuis au moins 36 ans, car je l'ai entendu en mon temps, que le bac ne sert à rien, que c'est une aberration française.

Première énormité, il n'y a pas qu'en France qu'on passe le baccalauréat, même s'il porte un autre nom dans les autres pays bien sûr. Et dire, le jour où des tas d'élèves sont en train d'en chier sur un exam qui compte énormément pour eux, quand on devrait être retraité, qu'on vient d'un milieu bourgeois, qu'on a fait toutes les études qu'on a voulu, que le bac ne sert à rien, que ce n'est plus un diplôme de qualité mais de conformité, que du temps où 50% seulement l'obtenaient, là ça valait quelque chose, c'est ça l'aberration, et cela dévoile le mépris qu'il a pour les jeunes d'aujourd'hui.

D'autres pensent comme moi...

http://livres.fluctuat.net/blog/4754-francois-de-closets-...

Et là, il est contre les castes, mais son éditeur, c'est sa fille ! Il est contre les élites, mais il méprise un baccalauréat "qu'on donne à tout le monde" !

http://livres.fluctuat.net/blog/4754-francois-de-closets-...

mardi, 03 juin 2008

Les joies du bac

Faire passer l'oral du bac c'est écouter 29 candidats en deux jours parler chacun vingt minutes, avec une coupure de dix minutes le matin, et trois quart d'heures pour manger à midi, dans une ville où la tension des restaurateurs a l'air très basse. C'est avoir l'air attentif en permanence, sourire pour rassurer le candidat, ne pas faire de grimace ni choper un fou rire, quelle que soit la perle qu'on entend. Bref, ce soir je suis exténuée. J'ai oublié de mentionner les 80 km aller, et les mêmes au retour, les deux jours ! Pourvu que les radars m'aient oubliée. Je n'ai rien exagéré, mais sur des routes qui se transforment en autoroute sur 20 km, sans sommation, et qui sinon passent du 110 au 70, via le 90, anarchiquement, j'ai toujours du mal.

On rentre de ce genre de journées en en sachant toujours plus. Par exemple, j'ai appris que le Mur de Berlin avait été construit en 1974 (!), le candidat a d'ailleurs confirmé malgré ma question à ce sujet : "Are you sure ?" (Je vous assure, si on vous pose cette question, il y a 99 % de chance que vous veniez de dire une connerie...). J'ai aussi appris que l'Allemagne avait du mal au lendemain de la guerre à cause d'un lac d'argent. (a lake of money !), que l'architecte connu pour son oeuvre à Barcelone était Gandhi, et que la plupart des élèves interrogés étaient "intéressants en anglais", (interesting in English), ce qui n'a pas vraiment été confirmé par ces entretiens.

Mes notes vont de 6 à 18, il faut de tout pour faire des bacheliers. Je suis assez satisfaite dans l'ensemble de cette épreuve, car j'ai aussi croisé des jeunes vraiment très passionnés par leurs études, motivés et ouverts d'esprit. Maintenant, il ne me reste qu'à espérer ne pas trouver dans mon casier demain une convocation qui m'annonce que je repars dans trois semaines passer deux ou trois jours dans cette magnifique ville !

samedi, 24 mai 2008

Conseil aux candidats au bac

Nous sommes le 24 mai, et donc il reste à peu près trois semaines avant les premières épreuves écrites du bac. L'an dernier j'avais donné des conseils aux parents des candidats ; cette année, je m'adresse directement aux candidats :

RETOURNEZ VOS FEUILLES !

Pensez à ne pas lire que le recto. Il y a parfois de bonnes surprises au verso. Cliquez ici pour voir de quoi je parle :

Les réponses données au dos d'un sujet par erreur ! Non, cela n'arriverait pas en France. Et pour cause, chez nous, les sujets sont conçus gratuitement par les professeurs, qui y passent de nombreuses heures. Les sujets sont ensuite testés par d'autres profs, toujours en heures sup'. Et évidemment pas de de salaire. Donc pas de copyright à imprimer au dos de la feuille. Et pas d'erreur !

Le seul profit est fait par les éditeurs qui vendent ensuite les annales à prix d'or, mais pinaillent néanmoins quand il s'agit de nous envoyer un specimen.