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mercredi, 08 septembre 2021

"Une lecture amusante est aussi utile à la santé que l'exercice du corps."*

C'est une librairie.

Je la fréquente depuis que je suis toute petite. Il y en avait une autre, très bien aussi, dans le temps, mais elle a fermé. Ma librairie a failli fermer deux fois aussi récemment. Le temps est très dur pour les livres. Surtout pour ceux qu'on ne vend pas par internet. Personnellement je préfère traîner dans les rayons, les étages, lire les petites notes que les libraires rédigent, feuilleter les livres d'art, sans pour autant vouloir les acheter. Et maintenant, ma librairie a été rachetée par une maison qui vend du matériel artistique et ça me donne deux fois plus de raisons de venir. Et puis les vendeuses sont adorables. L'une d'elles m'a un jour retrouvée dans l'annuaire et a réussi à me prévenir que j'avais oublié mon téléphone sur l'une des tables du magasin. J'avais déjà commencé à m'angoisser, mais ne me revoyais absolument pas le poser à côté des livres, pour choisir. Mon téléphone actuel n'affiche plus mon nom quand on l'ouvre sans avoir le code. Elle ne pourrait plus me prévenir. Aujourd'hui, comme j'achetais des livres de poche pour en faire cadeau aux amis que je vais croiser le long d'un prochain périple, elle m'a offert 5 livres pour 5 achetés ! le double de la promo que j'ai découverte en rentrant chez moi et que font Livre de Poche et 10/18. En principe, c'est un livre offert pour deux achetés ! 

Evitez les supermarchés, les "centres culturels commerciaux", les sites comme Ah-Ma Zone ! qui exploitent leurs personnels, et allez dans les librairies de vos centres-villes ou de vos quartiers. Les gens y sont gentils, ça sent bon, et on y passe de bons moments. Parfois on y rencontre même les gens qui écrivent les mots qui nous plaisent.

vive la vie, blog de femme, femme, livres,

*Emmanuel Kant

vendredi, 08 mai 2020

Lire est le seul moyen de vivre plusieurs fois *

J'ai envie de vous présenter un livre. Il a 73 ans. Au début il n'existait pas. Mais deux frère et sœur sans enfant, dont je pourrais vous raconter l'histoire un jour, Fernand et Alice, donnaient leur amour à leurs petits-neveux et nièces en leur offrant des vacances, des moments heureux dans un jardin, et des lectures. La revue Lisette fut achetée toutes les semaines, puis les numéros furent reliés pour en faire un livre. Fernand, ancien ingénieur, était en retraite, avait vécu deux guerres, et voulait toujours apprendre plus. Malgré tout cela, il n'avait pas perdu son optimisme, sa foi en l'humanité, le modernisme, l'avenir. Un relieur qui avait sa boutique pas loin lui a appris la technique. C'est ainsi que mon grenier est plein de livres divers, de plus ou moins grand intérêt, mais merveilleusement reliés. Cet "album de Lisette", comme je l'appelais enfant, a fait mon bonheur. J'ai tout lu, en négligeant sans doute un peu trop les pages couture et tricot. Aujourd'hui, en période de confinement, je le regrette. Sinon, oui, j'ai tout lu. J'y ai acquis autant de principes moraux de base que d'esprit critique. Car oui, certains textes me faisaient sourire, ou bondir, mais j'y puisais ce qu'il y avait d'émotion et de nostalgie universelle. Et savoir que ma mère avait feuilleté ces pages, sans les abîmer du tout, donnait à cette lecture encore plus de valeur. Je pense que je vais relire le roman-feuilleton "Nicole au Pays des Dollars", et me demande quelle idéologie il véhiculait !

 

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* Pierre Dumayet

 

samedi, 31 mars 2012

Le voyage est ma maison.*

Voyager à l'étranger sans bouger de son canapé et sans passeport, c'est possible. D'abord, un soir regarder un feuilleton policier suédois sur ARTE. C'est dingue, qu'ils parlent d'enquêtes, de flics ou de voyous, on dirait du Bergman. Ambiance sombre et qui rappellent les films français sur l'occupation. Il fait toujours sombre, voire, il pleut. A la fin du film, le générique apparait, et on ne sait pas si les flics ont trouvé le coupable, on n'a rien compris, même si on a vu, ressenti, aimé ou détesté. Du Bergman, je vous dis.

Pour voyager ailleurs, je vous conseille un recueil de nouvelles par Anna Moï. Vietnamienne venue en France en 1970 et qui n'est retournée dans son pays qu'en 1990. Ses nouvelles nous font voyager entre les deux pays, comme elle le fait depuis 20 ans. Mélange d'ambiances, de personnalités, d'humeurs. C'est dépaysant, poétique, subtilement cynique, nostalgique, bienveillant, selon les pages.

En attendant les vacances et les vrais voyages, ce n'est pas mal du tout.

*Muriel Rukeyser

samedi, 26 mars 2011

Les fonctionnaires sont un petit peu comme les livres d'une bibliothèque. Ce sont les plus hauts placés qui servent le moins.*

Ma bibliothèque de quartier en 1967. Une seule entrée, deux bâtiments au fond de la cour : à gauche, la bibliothèque, à droite, le commissariat. Pas intérêt à te tromper.

Entrée dans la bibliothèque, dire bonjour aux bibliothécaires : M. et Mme S. A mes yeux, plus de 60 ans. Je ne dois pas me tromper beaucoup, ils étaient retraités de l'enseignement. A ma mère qui avait perdu son "carnet de bibliothèque", ils reprochaient "ça coûte cher à la ville". A mon frère, 14 ans, qui voulait emprunter un livre de la salles "adultes", accessible à 16 ans sur autorisation des parents, ils opposaient un refus sans appel. De Closets, Cousteau ou Paul-Emile Victor devaient être subversifs. A ma prof de maths, qui me l'avait raconté, ils faisaient remarquer avec mépris qu'elle n'empruntait que de la science fiction. A moi, ils ne disaient rien, car je respectais tous les règlements en ne lisant que du Charles Vildrac, de l'Enid Blyton ou du Caroline Quinn. J'ai eu de la chance. Pour mes 14 ans à moi, on a eu droit à l'ouverture d'une nouvelle bibliothèque, avec de vrais bibliothécaires, qui nous laissaient emprunter des livres d'adultes, nous y encourageant, même, vérifiant sûrement discrètement que c'était "correct".

Aujourd'hui, c'est toujours un endroit agréable, où il reste un semblant de calme, d'enfants et d'ados qui viennent s'évader quelques heures le samedi après-midi, sans walkman, sans coca, sans insultes, et ça fait du bien. J'y reste une heure, hors du monde, et ça me détend autant que mon cours de dessin.

laon zola

 

*Paul Masson

mercredi, 09 septembre 2009

ENTRE LES LIGNES

La rentrée, c'est aussi lire les fiches des élèves. Deux perles pour la route des anglophones : « My favourite hobbit is writing. » « I want to do right studies. »

En français pour tout le monde : il y en a un qui me dit que ce qui le met en colère, c'est d'entendre son petit frère jouer du violon, car il fait d'horribles fausses notes, et qui ajoute que la deuxième cause de ses colères, c'est les gens qui critiquent les autres derrière leurs dos !

C'est se rendre compte que 7 élèves sur 64 ne se souviennent pas du dernier livre qu'ils ont lu ou ne répondent pas à la question, 7 sont plus honnêtes et admettent sans complexe « Je ne lis jamais de livres », ou « je ne lis jamais pour le plaisir. », 6 répondent par un titre de manga ou de BD (Titeuf !), deux donnent le titre d'un magazine, et un pense que « les meilleurs moments du football » ça peut être considéré comme un titre de livre. (Bon, là, je sais, je suis intolérante, un brin méprisante, mais c'est parce que les supporters de foot de ma ville m'ont volé la boîte aux lettres qui était sur le chemin du lycée, et ça m'a mise en colère, et n'a pas rehaussé l'estime que j'avais pour eux.)

Les lectures de mes élèves c'est Harry Potter, Twilight, Marc Levy, Urgence (c'est une novellisation de la série TV ?), mais aussi Genet, Hugo et Voltaire, dont l'élève qui l'a cité m'a précisé « Ca m'a plu. ».

41 lecteurs contre 23, ce n'est pas une proportion négligeable, et je ne suis pas sûre qu'elle ait été plus grande quand j'étais lycéenne, quoi qu'on en dise. Je garde donc espoir pour cette année, comme pour les autres.

jeudi, 17 avril 2008

Que lisiez-vous à 20 ans ?

Quand je vais chez quelqu'un pour la première fois, je suis souvent plus curieuse des livres que je vais trouver dans la bibliothèque que de la déco. Et je ne suis pas la seule, je le sais. Chez nous, d'ailleurs, il y a une grande bibliothèque dans le salon, et nous y avons mis les livres à feuilleter, ceux qui font rêver sans qu'on ait à les lire en entier. Livres d'art, BD, dictionnaires, etc. Dans mon bureau ce sont les livres de poches et tous les livres qui me servent pour mon boulot. Et dans la chambre, tout le reste, ceux que j'aime pour l'objet autant que pour le contenu, que j'aimerais relire si j'avais le temps. Si on lisait tous ces livres, je suppose qu'on me connaitrait presqu'en entier.

L'autre jour, avec ADMV on a réalisé que nos trois ans de différence, nos milieux sociaux différents, nos études avaient fait que nous n'avions pas lu les mêmes livres à 20 ans. J'ai essayé de me rappeler quels livres m'avaient "faite". Et la conclusion, c'est que je n'aurais pas été la femme que je suis sans :

Un Lit à Soi d'Evelyne Le Garrec, sous-titré du slogan féministe "Une femme sans homme, c'est comme un poisson sans bicyclette", Ainsi Soit-Elle de Benoîte Groult, La Petite Différence et Ses Grandes Conséquences d'Alice Schwarzer, Pipi Debout Quelle Injustice de Suzy Vergez, Marie Salope de Gisèle Bienne (et Bleu Je veux, et tous ses autres romans), Entre Chienne et Louve de Michèle Perrein (ainsi que Gemma Lapidaire, Le Buveur de Garonne, La Partie de Plaisir), Lâchez Tout ! d'Annie Le Brun. Quand je me suis aperçue qu'être féministe avec un homme ne suffisait pas à me rendre heureuse, j'ai lu Joue Nous Espana de Jocelyne François, Le Puits de Solitude de Radclyffe Hall (ça a bcp vieilli, mais c'est intéressant), les Amies d'Heloïse d'Hélène de Montferrand, Le Jardin d'Acclimatation d'Yves Navarre . Ensuite, plutôt que de lire j'ai enfin pu construire ma vie de femme telle que je la rêvais.

Ces livres ont certainement vieilli, ou du moins je le souhaiterais, car cela signifierait que les femmes d'aujourd'hui ne connaissent plus ce que celles de ces années-là avaient à subir... Pour info donc, ou parce que rien n'est encore gagné définitivement dans ce domaine, que cette petite bibliographie serve à mes jeunes copines bloggeuses !

(Je ne lisais pas que des bouquins féministes ou sur l'homosexualité, il y a aussi eu la science-fiction, mais ceux-là d'autres en parlent souvent, alors que la littérature féminisme, bizarrement, reste plus confidentielle...)