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vendredi, 07 novembre 2008

Protestons poliment !

Le jeudi 20 novembre, je vais faire grève. Encore. Je ne sais pas si on finira par faire comprendre au ministre et au chef de l'état si on n'améliorera pas l'école, en supprimant les Sciences Economiques et Sociales, le latin et la langue III (C'est chronique d'une mort annoncée),  en diminuant le nombre d'heures tout en laissant 35 élèves dans les classes, en supprimant des postes qui font qu'on est obligé de faire des heures sup' et donc de moins préparer nos cours, en embauchant des vacataires et des contractuels plutôt que des gens qui pourraient s'impliquer pour faire carrière dans l'educnat, en faisant croire aux élèves qu'ils peuvent choisir leurs matières et leurs cours tous les six mois, comme ils choisiraient un DVD au magasin de location du coin, en prenant des mesures de destruction massive de ce qui existe sans faire d'évaluation des résultats de la dernière réforme, en nous alourdissant toutes nos actions éducatives (projets, voyages, sorties diverses) par des démarches administratives de plus en plus énormes.

Mais malgré tout je vais refaire grève, et re-manifester. Mais je vais faire attention au texte que j'écrirai sur ma pancarte, car aujourd'hui, on est sujet à explication de texte ! http://fr.news.yahoo.com/2/20081106/tfr-affichette-casse-...

"Si le prévenu n'avait pas eu l'intention d'offenser, mais seulement l'intention de donner une leçon de politesse incongrue, il n'aurait pas manqué de faire précéder la phrase "Casse-toi pov'con" par une formule du genre +on ne dit pas+", souligne le jugement dont l'AFP a eu copie." Mince, le mec il a eu tous ces emmerdements uniquement parce qu'il a oublié de dire "on ne dit pas"... Le président, il est comme mes élèves, il ne comprend pas l'implicite ! Il faut lui mâcher le travail.

Alors que me proposez-vous comme texte compréhensible, mais pas offensant pour dire que ce gouvernement est en train de bousiller le système éducatif ?

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Celles-ci datent du 20 janvier 2007, mais sont toujours d'actualité.

jeudi, 06 novembre 2008

Grasse mat' forcée

Ce matin pour être à l'heure et avoir le temps de faire toutes mes photocopies pour mes six heures de cours je me suis levée à 6 heures. M'étant bien reposée en Angleterre, cela n'a pas été trop dur. En plus, mes deux premières heures de cours ont fait office de grasse matinée bonus obligatoire. En effet j'ai deux heures avec des terminales dont on pourrait croire qu'ils sont motivés, vu l'objectif de la fin d'année, mais non, ils dorment à poings fermés. J'ai essayé plusieurs méthodes pour remédier à cette apathie généralisée : l'humour, la surprise et la variété dans le choix des documents, l'autorité, la menace, mais rien n'y fait. Apparemment, cette classe a le même comportement avec tous les profs. Une collègue m'a suggéré les électrochocs, je vais peut-être opter pour le taser.

 

Le pire, c'est qu'ils ne me laissent pas vraiment dormir à côté d'eux. Je suis bien obligée de continuer à faire le pître et à m'épuiser devant eux... Heureusement mes secondes, eux, semblent revenus en ayant pris de bonnes résolutions. Et la purée d'à midi était très bonne !

Ed est rentrée.

Quand vous lirez cette note, je serai partie, avec les autres, bien sagement au lycée... Ceux et celles qui travaillaient pendant les vacances pourront se marrer tout leur saoûl ; je ne les dérangerai pas avant 17 h 30 !

samedi, 25 octobre 2008

Pourvu que cela ne m'arrive jamais...

Que se passe-t-il dans la tête d'un adolescent qui accuse son prof de violence ou d'attouchements en sachant pertinemment que c'est un mensonge ?

Quelle est l'influence de la judiciarisation et de la médiatisation de certains faits-divers comme celui de la gifle donnée par un enseignant à un élève dont les parents portent plainte immédiatement et obtiennent gain de cause.

Les média se font nettement moins écho des erreurs, des accusations mensongères qui ont pourtant déjà été la cause de suicides d'enseignants.

Que se passe-t-il dans la tête des policiers qui arrêtent et mettent en garde-à-vue des enseignants sur la seule accusation d'un enfant ? J'ai en tête au moins trois faits-divers. Un prof de français arrêté et menotté en plein cours au collège parce que des parents l'accusaient d'avoir fait lire un livre prônant la zoophilie à leur enfant. S'en suit garde-à-vue, perquisition au domicile du jeune prof de français, annonce sur les radios et télés nationales que ce jeune prof possédait des revues et de la littérature pornographique et érotique ! J'espère que ce jeune collègue va bien. Il s'est avéré quelques jours plus tard que le livre d'Agosta Kristof était une lecture conseillée par le ministère ! Un prof de gym est accusé d'attouchements. Il est averti par son principal, convoqué pour confrontation avec l'élève et sa famille qui ne se présentent pas. Impossibilité de confrontation, le principal renvoie immédiatement l'affaire au procureur de la république. Le prof se suicide.

Aujourd'hui dans l'Aisne, des profs doivent se sentir bien trahis, tristes et en colère. Ils savent que si ça leur arrive, ils ne pourront que compter sur leurs réserves personnelles d'énergie, de capacité à résister à l'humiliation et au mensonge. Ils n'ont pas intérêt à être un peu malade cette semaine là, ou à avoir été ou être encore dépressif. Selon le procureur de Laon, "il est "téméraire" de privilégier un lien de causalité entre les accusations de l'élève et le suicide de l'enseignant." Ben oui, quoi, il était en instance de divorce. Donc, si vous prenez des anti-dépresseurs, si vous divorcez ou vivez quelque autre traumatisme, ne le dites surtout pas. Cela pourrait se retourner contre vous en cas d'accusation mensongère ! Les accusations, c'est une chose, mais la garde à vue et le comportement de la police et des journalistes, c'en est une autre. Contrairement à ce que pense ce procureur, cela peut provoquer un suicide. (Dans un autre cas, pour disculper les responsabilités de l'Education Nationale, on commence par annoncer que la suicidée est dépressive.)

Aujourd'hui je pense aux collègues de ce prof de Saint-Michel, qui doivent sûrement culpabiliser de ne pas avoir été auprès de lui non-stop à ce moment-là, à son ex-femme que les propos du procureur rendent responsable, et à cet ado, qui a fait une connerie, certes, mais dont les parents, plutôt que d'aller discuter au lycée, se sont précipités à la police. Vivre avec ça ne va pas être facile.

vendredi, 17 octobre 2008

Les vendredis se ressemblent... et se suivent, malheureusement !

Ce matin, j'étais fière de moi. Je me suis levée assez vite après trois chansons de Gilbert, j'ai réussi à me préparer dans les temps, et suis partie de chez moi à 7h25, ce qui n'arrive pas si souvent cette année, et une fois au lycée, je n'avais rien oublié. Pas un doc à photocopier, pas un truc à distribuer, non, j'avais tout. En plus, la pro est venue m'annoncer en grande solennité que ma liste avait gagné les élections hier, 5 sièges contre 2, devant la liste "molle du genou" ! Ca me rassure, les profs de mon bahut ne sont pas prêts à baisser les bras, et ne crachent pas forcément sur le mot "syndicat" quand il y a urgence et savent aussi reconnaître l'efficacité. La journée s'est à peu près bien passée sauf les choux-fleurs/choux de bruxelles d'à midi. Le clou, ça a quand même été mes deux heures en fin de journée avec mes secondes. Pour commencer, je leur faisais un compte-rendu du conseil pédagogique : ils sont immatures ; ils ne travaillent pas assez ; ils bavardent trop ; ils sont insolents. Ensuite, parce qu'ils doivent croire à la preuve par l'exemple, ils ont été odieux pendant une heure et demie. Chers collègues, diagnostic sans faille !

Je ne devais pas repasser chez moi d'ici 18 h, mais même pour une heure, je suis revenue me poser, en espérant que vous écrire une note, boire un perrier grenadine bien frais, et me recoiffer, va me donner un air à peu près présentable, et me permettre de respirer sans ce poids derrière le sternum, sans que mon oreille gauche ne rougisse d'énervement, et sans dire de choses trop désagréables pendant la réunion de ce soir.

Vous le saurez sans doute demain ! Ce soir, bien que tard, je vais essayer d'être agréable avec ADMV.

samedi, 11 octobre 2008

Une journée comme les autres racontée par moi et les autres

Je participe aujourd’hui à un défi de bloggers lancé sur un site que je fréquente assidûment, mais que vous ne devez pas connaître, car il y a un code pour entrer. C’est le site du CPE. C’est marrant, j’ai déjà remarqué que les CPE n’aimaient pas être dérangés, et lui non plus.

(C'est une blague ! j'en ai eu plusieurs comme ça, c'est tout !)

 

Le truc c’est que 14 bloggers je crois, se sont donnés pour mission de raconter leur journée du 10 octobre et de publier leur note avant samedi 12 h.

Bbk-mel http://bbkmel.over-blog.com/
Mebahel http://www.hesed.info/
Cpechou http://cpechou.blogspot.com/
Acharat http://unpripaptitiendeleducnat.blogspot.com/
Ed http://whatamistilldoinghere.hautetfort.com/
Axel http://axelgaetan.blogspot.com/
Garfield : http://www.nissac.blogspot.com/
Hergeloffeni http://hergeloffeni.blogspot.com/
Stéphanie F. http://alecoledelimaginaire.blogspot.com/
Crybabycry http://www.nissac.blogspot.com/
Doc-Doc : http://doc-docentrez.hautetfort.com/
Pascale : http://www.mammouthland.net/
Ange-étrange : http://ange-etrange.over-blog.com/
Tiphaine : http://www.journaldezep.canalblog.com/
Caro : http://croisez-les-fils.over-blog.com/
Le CPE : http://www.nissac.blogspot.com/

Finalement, y'en a 16,  mais z'êtes pas obligés de tous les lire aujourd'hui !
Journée retenue : vendredi 10 octobre

Modalité : description de la journée avec des étapes communes à 10h00/13h00/17h00/20h00.
L'article doit être publié le samedi à 12h00 au plus tard en se linkant les uns les autres.

 

J’ai pas tout compris aux consignes, car les amis du CPE et le CPE lui-même sont des djeuns qui utilisent beaucoup de jargon franglais que j’ai du mal à comprendre. Cherchez l’erreur ! Je crois néanmoins que je dois publier les liens vers les autres participants. En fait c’est ce qui va être le plus dur, car je ne vais jamais chez eux, ou presque. (à part Mébahel, parfois, mais ses notes sont vachement longues, et j’ai pas toujours le temps.)

 

Donc vendredi 6 h 15 : mon radio-réveil se met en marche sur un CD choisi la veille. En ce moment, c’est facile, c’est toujours le même. Un truc qu’ADMV m’a gravé : toutes mes chansons préférées de Gilbert Laffaille. C’était dur comme choix, je les aime toutes. 6h 28 : je me lève sur « Tout m’étonne ». Ca m’étonne même d’arriver à me lever vu comme je suis crevée en ce moment. En plus, j’ai mal à la tête. Jus de pamplemousse, fromage, pain, Advil 400. Trop la flemme de faire le café, j’en boirai un au lycée. Choix des fringues. C’est un peu monotone ces-temps-ci côté zabits, car je n’ai pas encore redescendu les trucs d’hiver, et dois me contenter des trucs « demi-saison » qui sont de sortie. Bref ce matin un beau t-shirt rose tyrien sous le gilet bleu à côtes fera l’affaire. Allumage de l’ordi pour lire mes mails. Essai du téléphone, ça marche toujours pas. Un câlin au chat. Douche. Préparation du cartable. Avec l’emploi du temps sous les yeux, car j’ai des défaillances de ce côté-là ces temps-ci. Si jamais ils font comme ils le menacent, j’aurai à changer d’emploi du temps et d’élèves au milieu de l’année l’an prochain, et là, je ne réponds plus de rien ! En ce moment, je n’arrive pas à me préparer à vitesse normale. Et là, again, après avoir filé à bouffer au chat, je n’ai réussi à décoller qu’à 7h35 ! Ensuite, affronter les embouteillages. Les BMW sans clignotants, les lycéens qui ne savent pas marcher et que leur parents doivent absolument déposer DEVANT le bahut, le camion qui soulève la benne à verres en bouchant le carrefour, et j’en passe. Je suis zen et habile au volant heureusement. Arrivée en salle des profs : 7h47. Direction la photocopieuse. Photocopier en noir et blanc les superbes photos en couleurs imprimées chez moi, avec mon encre à moi, mais que comme c’est cher, il n’y en aura qu’une par groupe. 7h54 : je trouve un fauteuil libre. Discussion du jour, la réforme, le film que l’on ne pourra pas aller voir, tant pis, interruption pour serrer la main de la proviseure. Je n’entends pas la première sonnerie, mais la deuxième voyant se lever tout le monde d’un coup, je sais que c’est la deuxième. 8h02, je me trouve devant mes élèves. Mais entre temps j’ai trouvé un mot du prof de maths, qui ne doit pas savoir lire, et qui me dit que mon message à une élève de sa classe, c’est pas possible, je dois m’être trompée. Mais non, il a rien compris, c’est tout. Heureusement une assistante d’éducation arrive pour prendre les noms des absents et veut bien me rendre service en prévenant elle-même (elle a compris, elle.) l’élève. Commencent alors deux heures super actives et sympas avec ces grands étudiants de BTS qu’on a, et que je ne sais pas pourquoi, personne d’autre que moi ne veut avoir ! 10h00 : Récréation : enfin, 10 mn de pause, que j’ai du mal à appeler récré ! Puis, trou. Le trou pour le prof, c’est la bouche hors de l’eau pour le nageur, l’arrêt pipi pour le vendeur de journaux, surtout les longues journées. Photocopier le document inconnu pour mes langues de complément. D’abord réparer la photocopieuse. Quelqu’un a mis du A3. Pourtant on sait bien que dans celle-là, on met pas de A3. Boire un café. Raconter aux collègues grévistes de mardi qu’on a été marqués « absents » au tableau. Ce sont les nouvelles méthodes. Ecouter la prof de maths se plaindre des secondes. Elle leur a encore mis un devoir pour les punir. J’ai l’air fin, moi, quand je leur parle d’évaluation, et que j’essaie de « banaliser » le devoir, de leur faire presque aimer ça ! J’ai encore mal à la tête, je reprends un Advil. 11h00 : devoir surveillé pour mes terminales. Ca a l’air de les inspirer. Faut dire que le document est assez parlant. Superman en SDF, sauvé par l’Armée du Salut ! Au bout d’une demi-heure, le mal de tête persistant, je prends un zomig. 12 h 00 : comme pour les petits, meilleur moment de la journée, la cantine. Bon, là, faut avouer que les pâtes auraient pas été primées par le Gault et Millau, mais d’habitude, c’est meilleur que ça. Je mange à côté de mes collègues d’Eco. Je les aime bien, la conversation est toujours intéressante, et c’est une race en voie de disparition. 12h30 : je remonte en salle des profs. Je jette un coup d’œil à mes mails, et retourne vers les fauteuils où la conversation porte de nouveau sur la réforme. Il faut dire qu’on en parle peu, mais que si vous avez des enfants pas encore en seconde, vous feriez bien de vous pencher dessus ! On se rappelle de nos bacs à l’ancienne, pas terribles non plus : pas d’HG au premier groupe d’épreuves en C, anglais et HG à l’oral en A ! Le bac avait été amélioré en 1995, revalorisant vraiment toutes les filières, et c’est pour ça que je n’ai pas que du mépris pour Bayrou, mais ensuite Allègre avait commencé à bien pénaliser les littéraires : pas de lv3 en 1ère si on ne l’a pas commencée en seconde, deux heures de langues par semaine ! Son clône Dark Vados va plus loin, plus fort, pour nous montrer qu’Allègre, c’était de la gnognotte. Je sens enfin que mon mal de tête est parti. 13h00 : SONNERIE ! Ca interrompt tous nos échanges et on repart. Une heure en groupe en 1ère. Ca se passe bien. Ils font preuve de bonne volonté, c’est dans l’autre groupe, par hasard, que sont ceux qui font de l’obstruction systématique. Donc j’aime mieux le groupe du vendredi. 14h00 : Secondes. Ramasser les chartes informatiques, vérifier les signatures de l’info pour la réunion de parents, et enfin mon cours peut commencer. Au rendez-vous 33 élèves bavards, et mon stagiaire. Le cours se passe plutôt bien, malgré le bruit que j’arrête systématiquement. Donc, ça hache un peu les choses. Je prends ma décision, puisqu’ils ne veulent pas grandir, je vais imposer un plan de classe, et vais peut-être en séparer qui ne sont pas chiants. Tant pis, ce sont les dégâts collatéraux inévitables… Mon stagiaire ne me dit pas ce qu'il a pensé du cours. Pas le temps, de toutes façons. 15h00 : récréation, 10 mn. Un café et un pipi ! Waouh ! je suis championne ! En retard de deux minutes pour la reprise, tant pis. Une heure de module. Normalement je devais faire le même exercice qu’hier, mais je me suis aperçue 7 minutes avant que j’avais oublié mes images… J’improvise vite fait dans ma tête une activité à laquelle j’avais pensé précédemment, puis renoncé ; ils ont le doc, donc pas de problème. Et croyez-le si vous voulez, mais ça a super bien marché !!! Ils ont été hyper productifs, mon idée n’était pas mauvaise finalement, et on fera le truc sur les photos la prochaine fois. 16h00 : Fin de la semaine ! Bonheur entaché de fatigue. Je prends ma voiture et passe faire des courses. ADMV ne rentre pas ce soir, mais ça ne m’empêche pas de manger. 17h00 : je sors du supermarché et me sens vraiment en weekend ! J’écoute un peu Ruquier à la radio. Mais ils ne sont pas très drôles. Arrivée chez moi, je branche l’ordi, et je me dis : Merde, mais c’était aujourd’hui la journée à raconter !!! J’avais complètement oublié, j’vous jure. Alors je me mets sur Word, et je tape le début. ADMV m’appelle, elle est bien arrivée. Ma cousine m’appelle, elle va passer pour les sachets (faut suivre ! c’est dans les notes précédentes). Je lui propose de grignoter quelque chose avec moi. 19h00 : arrivée de ma cousine, vérification du sous-sol. Les sachets sont intacts !!!!! Je vais pouvoir refaire des lessives et aller sortir la tondeuse. A 20h00 donc, puisqu’il fallait préciser ce qu’on faisait à cette heure-là, nous étions ma cousine et moi en train de nous raconter des choses plutôt intimes et des souvenirs d’enfance devant un jus de pamplemousse pour elle, et un whisky pour moi. (Single malt) Et nous dégustions des toasts au flétan, haddock et saumon fumé. N’en étant pas moins épuisée, je me suis couchée à 22h30, ce qui est exceptionnel, n’arrivant pas en général à gagner mon lit avant 23h30, voire minuit.

jeudi, 09 octobre 2008

Les profs ont bien des compensations !

Mercredi, pendant ma coupure internet, et sans être interrompue par l'envie de vous faire des clins d'oeil bloguesques, j'ai corrigé des copies de seconde pendant cinq heures non-stop !

Ils m'ont quand même bien fait rire :

"I like to visit the Bretech of Museum. It is interesting and tall and fast."

"John will be apple to practise a volley-ball."

Ca ne va peut-être pas faire rire les non-spécialistes. Alors en cadeau pour tout le monde un croquis d'un élève en train de réfléchir pendant un devoir. Il a tellement levé la tête, que je ne sais pas quand il a trouvé le temps d'écrire !

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lundi, 06 octobre 2008

Quart d'heure pédagogique

Ce matin j'ai conçu, tapé, scanné (pour les documents iconographiques) imprimé un devoir pour mes premières. Et je n'en suis pas peu fière. Si avec ça ils n'arrivent pas à exprimer des hypothèses, des conditions, des comparaisons comme on a vu en classe, je donne ma démission. Bon, pas de promesse en l'air, on ne sait jamais !

J'ai aussi corrigé des copies. Un devoir consistait à rédiger une lettre de candidature spontanée pour travailler chez un styliste d'avant-garde dont nous avions étudié les concepts, et observé les modèles de la plus récente collection. Une élève m'a fait rire en défendant son ouverture d'esprit en affirmant : "I have no limits with my garnements." J'ai parfois l'impression que mes élèves se noient dans le vocabulaire qu'ils apprennent. Ou peut-être justement, ne l'apprennent-ils pas...

Le lundi matin, je peux me consacrer entièrement à mon boulot de classe, parce que c'est ADMV qui fait la cuisine. Et comme demain je fais grève j'ai pu profiter complètement de mon weekend, car j'avais moins de préparations. En fait cela ne me supprime que deux heures de cours et une heure de concertation avec mon stagiaire. Mais même en allant à la manif, j'aurai quand même plus de temps pour préparer le boulot pour mercredi et surtout jeudi et vendredi (12 heures en deux jours). J'ai essayé de profiter de mes heures libres, mais bloquées au lycée, mais là-bas il y a toujours un collègue, une CPE ou une proviseure pour avoir besoin de me voir, de me demander quelque chose, bref pour m'interrompre. Et quand on corrige des copies une interruption est mortelle.

 Parfois je rêve de faire 35 heures sur place et de ne plus avoir rien à faire chez moi. Notre hiérarchie en rêve aussi, mais n'a pas conscience que notre productivité en serait amoindrie. Chez nous on culpabilise toujours quand on n'a pas terminé, et on rajoute volontiers une heure de boulot à notre planning du soir, mais au lycée, on partirait en laissant tout sur place, et les élèves attendraient leurs copies six à huit semaines !

mercredi, 24 septembre 2008

L'école tue.

Suicide d’un enseignant après avoir été placé en garde à vue.

Pas de preuve, mais une plainte, une garde-à-vue, une solitude face à tout cela.

Fusillade meurtrière dans un lycée en Finlande.

De la haine, des armes en port libre, même pour quelqu’un qui avait publié des vidéos menaçantes sur internet.

 

 

En Angleterre une radio (Choice FM) a produit une publicité contre les armes.

 

jeudi, 18 septembre 2008

Grandir, c'est pleurer beaucoup.

Ce matin M. était morose. Il a peu participé alors que depuis le début de l'année il me montre, ainsi que son groupe de 4 copains qu'ils sont heureux de me retrouver après la coupure de la première. En seconde j'étais leur prof principale. Ca crée des liens. Je les ai sûrement engueulés, secoués, mais aussi encouragés. Je leur ai répété les mêmes conseils 20 fois, leur ai organisé leur travail de manière directive comme je sais le faire quand j'ai une classe de 35 dont le niveau n'est pas bon. Mais cette année, c'est différent. Ils sont 20 seulement dans le groupe. La loi l'exige maintenant pour les groupes de langues en terminale. Et ils ont mûri. M. qui passait son temps affalé sur sa chaise à dormir en seconde, participe, me regarde dans les yeux, me sourit, est volontaire pour le cours de méthodologie qui est pourtant normalement réservé aux LV2. Bref, il est en passe de devenir adulte. Mais que l'on soit ado, presque adulte, ou carrément vieux, il y a des jours où un truc nous met dans le désespoir. Cet après-midi il est arrivé pour le cours de méthodo, où je n'ai que 4 élèves, en larmes. Au début, je n'étais pas sûre. Mais je l'ai vu, des larmes plein le visage, reniflant sans cesse. Sa voisine lui a passé un mouchoir. Je lui ai proposé de sortir, d'aller à l'infirmerie ou simplement respirer un peu l'air de dehors. Mais il m'a dit "non, il n'y a rien à faire." On a fait cours à côté de lui. Je l'ai senti se calmer un peu, la tête posée dans ses bras sur la table. A la fin du cours, je lui ai proposé d'en parler, car je n'avais pas cours tout de suite. Mais il m'a dit :"Non, il n'y a rien à faire." "C'est  un problème familial ?" "Non." Je n'ai pas posé d'autres questions. Après tout cela ne me regarde pas. Enfin, il a le droit de le penser. Mais je l'ai regardé sortir de ma salle en me disant que je suis bien inutile parfois.

vendredi, 12 septembre 2008

Manipulation, hypocrisie et nuisibilité

A l'instar d'un de ses volumineux et vulgaire prédécesseur, Dark Vados va faire semblant de demander aux élèves de s'exprimer sur la réforme des lycées. Cela a déjà eu lieu. Et à des jeunes qui disaient en majorité "nous sommes trop nombreux dans les classes." On a répondu "eh bien on supprimera une heure de cours dans certaines matières." Et ce fut fait. En langues par exemple. Deux heures par semaine. Même en L LV2 ! Evidemment, on n'a pas modifié les programmes. Il n'aurait plus manqué que les parents s'aperçoivent que leurs enfants apprenaient moins de choses... Cette fois encore on va profiter de leur jeunesse, parfois crédule. "Voilà pourquoi, a-t-il poursuivi, pour la réforme du lycée, je veux débattre aussi avec les lycéens. Et voilà pourquoi, à la fin du mois d'octobre, je ferai venir à Paris tous les élus, de chaque lycée de France." On va leur poser des questions. Ils vont répondre. Sans recul. Quant aux enseignants, le gouvernement ne va même pas faire semblant. Et reprenant la formule de Fadela Amara, notre ministre va certainement nous dire : "Votre avis, j'en n'ai rien à foutre !"

Lycéens provinciaux qui n'avez pas les moyens de vous payer le TGV pour Paris, présentez-vous comme délégués de classe, puis au Conseil d'Administration, et vous verrez la Tour Eiffel !

Mais ne vous laissez pas piéger !

jeudi, 17 juillet 2008

Actualités

J'ai lu ça sur Yahoo Actualités :

Les députés adoptent le texte sur le service minimum à l'école

Que les élèves qui passent par ici se rassurent. Le service minimum à l'école, ce n'est pas à eux qu'on le demande.

lundi, 07 juillet 2008

Je suis dans un cybercafé

L'Educnat va me rembourser un aller-retour et un repas pour ... RIEN. Aucun élève n'a choisi anglais. Ils ont beau être scientifiques, ils n'en sont pas pour autant spécialistes en algèbre et un point de plus coeff 6, ils n'ont pas saisi que ça faisait moins que 6 points de plus coeff 3. Ils n'ont pas non plus eu assez de sept années de secondaires (au moins !) pour découvrir que les profs d'anglais étaient plus cools que les profs de maths ou SVT... (Je sens que je vais me faire des amis !) Donc je me suis levée à 6 h 2O, j'ai roulé 15O bornes, et la même chose demain, pour ne voir personne, et assister impuissante aux délibérations d'après oral dit "de rattrapage". Pour décompresser de cette journée perdue dans un lycée sinistre et laid, je suis venue en centre ville, avant d'aller passer la soirée chez ma cousine (chic, on va boire un coup et pipeletter !) et j'ai trouvé un cybercafé, grâce auquel vous avez quand même une note aujourd'hui. Ce matin, j'ai traîné un peu aussi et me suis acheté "Entre les Murs", le livre, que j'ai dévoré aux trois quarts, en me marrant souvent. Donc tant pis pour l'educnat, bien malgré eux, j'ai rentabilisé ma journée, na !

mercredi, 25 juin 2008

Le bac en vers... et contre tout !

Levée tôt, sept heures vingt,

Pamplemousse, pas de terrasse,

Faut qu'j'm'y fasse,

Il pleut, y'a un grain.

Nickname, surname, c'est pas pareil.

Contresens, hors-sujet, basta, je raye.

Deux questions, 79 fois,

Un café, enfin je bois !

Une belle phrase vaut cinq points,

Une faute grave beaucoup moins.

10 heures : je me lasse.

Midi : chic, une pause !

16 heures : j'ai ma dose.

18 heures : je trépasse...

vendredi, 20 juin 2008

Même pas pleuré !

Cet après-midi on m'a donné un paquet à recompter moi-même : 80 copies ! Dans ces moments-là, je voudrais être prof de latin, allemand, ou russe !

Dimanche matin je pars trois jours à l'autre bout de la France interroger pour le BTS, mais on n'a pas voulu me priver du plaisir du bac sans doute. J'ai déjà interrogé deux jours au début du mois à 80 km de chez moi. La commission d'entente (Je suppose que c'est une réunion de plein de gens appareillés...) a eu lieu ce matin, et on va nous envoyer le barême et les modifications par la poste. Ils ont fait semblant de croire que cela arriverait demain matin dans nos boîtes aux lettres ! Alors que si c'est pas posté avant 11 heures (et même si ça l'est), y'a aucune chance. Avec le paquet, y'avait même pas de barême. Heureusement une collègue sympa me l'a photocopié, comme ça je peux commencer à corriger demain. Sinon, je devrai le faire entre mercredi matin et lundi 30 juin à 8 heures, heure où on ne pourra plus se connecter sur internet ! On nous fait rentrer nos notes sur ordinateur depuis des années, mais nos IPR ne sont pas capables de nous envoyer les barêmes par internet. On nous a pourtant imposé de magnifiques boîtes académiques !

 J'ai un poids sur l'estomac depuis qu'on m'a remis l'enveloppe marron, mais j'ai été très forte !

jeudi, 12 juin 2008

L'heure des bilans

J’ai donné hier mon dernier cours. Enfin, cours, je m’entends, avec mes secondes sympas on a regardé Shrek. Et avec eux j’ai bien ri aux aventures de cette belle princesse tellement belle qu’elle aurait pu être mannequin, et qu’un petit roi moche et plein d’ambition autoritaire voulait épouser. Mais dans les contes de fées, la princesse épouse le gentil ogre ! Ensuite, je suis allée à la commission d’appel où l’on a fait passer l’élève à qui l’on donnait une chance de refaire une seconde pour ne pas se vautrer en première et terminale S. Son père, qui mériterait d’être militaire s’il ne l’est pas (je n’ai pas relu la fiche…) a su convaincre les membres de cette commission devant laquelle je m’étais pourtant promis de ne plus venir jouer les accusées. Mais on ne se refait pas, tous les ans notre naïveté et notre conscience (professionnelle ou non) nous fait croire qu’il faut aller jusqu’au bout et ne pas céder au chantage, à l’autoritarisme, voire aux insultes et aux coups bas. Tout ça pour perdre trois heures. Ca dure 20 minutes en principe, mais c’est comme chez le médecin, ils prennent des rendez-vous toutes les 20 minutes, mais ils écoutent les parents pendant 35 minutes (j’ai chronométré !) parce que nous, les profs principaux, on nous expédie en 4 minutes 30…

Une fin d’année, c’est toujours l’heure des bilans. Cette année qui devait être cool grâce à l’absence d’heures sup’ et un emploi du temps assez bon, s’est avérée chargée en réunions, stages, rendez-vous avec les parents occupant bien les heures de « liberté ». Dans la classe dont j’étais prof principale 6 élèves redoublent, dont deux dans une section où ils espèrent cette année être acceptés, pas comme l’an dernier. Mais la brochure ONISEP fait souvent rêver les élèves à des options alléchantes, auxquelles très peu auront droit… Et nous les retrouvons dans nos secondes générales, sans motivation, sans les pré-requis pour comprendre et exécuter ce qu’on leur demande. Mes autres classes ont mieux réussi, du moins j’espère. Les résultats du 3 juillet me le diront.

Juin, c’est aussi l’heure des projets. Demain tout le lycée planche sur l’organisation et les contenus de l’an prochain. Répartition des classes. Pas de projet pédagogique particulier pour moi. Cette année aucune rétribution pour tout le travail de concertation et de préparation de projets interdisciplinaires, donc, j’abandonne. Je ne suis pas bénévole dans une ONG, mais enseignante. Le gros incompétent devra s’y faire. Que puis-je espérer pour l’an prochain ? Des classes moins chargées en seconde ? Des élèves moins consommateurs ? Certains collègues plus ouverts ? Une fatigue venant moins vite ?

En attendant, il y aura les examens, les oraux, les copies, les délibérations,  re-les oraux, re-les délibérations, puis enfin, le 8 juillet au soir, les vacances !!!

jeudi, 05 juin 2008

SAYELAKONVOKELA

 

 

FAIT CHIER !

 

mardi, 03 juin 2008

Les joies du bac

Faire passer l'oral du bac c'est écouter 29 candidats en deux jours parler chacun vingt minutes, avec une coupure de dix minutes le matin, et trois quart d'heures pour manger à midi, dans une ville où la tension des restaurateurs a l'air très basse. C'est avoir l'air attentif en permanence, sourire pour rassurer le candidat, ne pas faire de grimace ni choper un fou rire, quelle que soit la perle qu'on entend. Bref, ce soir je suis exténuée. J'ai oublié de mentionner les 80 km aller, et les mêmes au retour, les deux jours ! Pourvu que les radars m'aient oubliée. Je n'ai rien exagéré, mais sur des routes qui se transforment en autoroute sur 20 km, sans sommation, et qui sinon passent du 110 au 70, via le 90, anarchiquement, j'ai toujours du mal.

On rentre de ce genre de journées en en sachant toujours plus. Par exemple, j'ai appris que le Mur de Berlin avait été construit en 1974 (!), le candidat a d'ailleurs confirmé malgré ma question à ce sujet : "Are you sure ?" (Je vous assure, si on vous pose cette question, il y a 99 % de chance que vous veniez de dire une connerie...). J'ai aussi appris que l'Allemagne avait du mal au lendemain de la guerre à cause d'un lac d'argent. (a lake of money !), que l'architecte connu pour son oeuvre à Barcelone était Gandhi, et que la plupart des élèves interrogés étaient "intéressants en anglais", (interesting in English), ce qui n'a pas vraiment été confirmé par ces entretiens.

Mes notes vont de 6 à 18, il faut de tout pour faire des bacheliers. Je suis assez satisfaite dans l'ensemble de cette épreuve, car j'ai aussi croisé des jeunes vraiment très passionnés par leurs études, motivés et ouverts d'esprit. Maintenant, il ne me reste qu'à espérer ne pas trouver dans mon casier demain une convocation qui m'annonce que je repars dans trois semaines passer deux ou trois jours dans cette magnifique ville !

mardi, 13 mai 2008

C'est moi qui suis trop cool, ou bien ?

Ce matin un collègue était choqué, offusqué, outré, les mots ne manquent pas pour décrire la pendule qu'il nous "...ait" à propos de la fête de fin d'année organisée par les élèves. C'est un soir de semaine. C'est une semaine avant la fin des cours. Pour que ça puisse avoir lieu, il faut qu'ils trouvent des profs volontaires pour "surveiller". Ce genre de soirée, ça se termine à minuit au plus tard !

Je lui ai dit qu'il avait des idées de vieux ; il m'a répondu que j'étais plus vieille que lui (c'est un être délicat...) ; je lui ai rétorqué que moi, j'étais capable de faire la fête et de faire cours le lendemain matin.

Alors il a embrayé en prétendant que ce genre de fêtes devrait avoir un caractère uniquement privé et se faire en dehors du lycée, que de son temps, etc. Là, je me suis retenue de lui dire qu'à mon avis, aux fêtes organisées en dehors de son lycée à l'époque, il ne devait pas être souvent invité !

Moi, à la fête de fin d'année, j'y serai, et je compte bien m'y amuser.

mardi, 29 avril 2008

Le croiriez-vous ?

En septembre prochain je perds ma proviseure-adjointe. Cela fait cinq ou six ans qu'on bosse ensemble, et je dois l'admettre, je suis un peu triste. Et j'ai senti qu'elle l'était un peu aussi. Si jamais elle croisait ce blog, ce qui m'étonnerait, mais on ne sait jamais, qu'elle sache qu'il y a des chefs qu'on apprécie et qu'elle a beaucoup apporté au lycée.

C'est peut-être la fin d'un projet pédagogique qui était déjà en péril... Mais j'hésitais encore.

Nous allons donc avoir un nouveau sous-chef ! Le mystère reste entier. Je vous tiendrai au courant.

dimanche, 27 avril 2008

Parents, lisez !

Je suis pépé. Cela veut dire que je suis la synthétiseuse d’informations venant de tous les professeurs vers les parents, l’administration, et les élèves. Par ailleurs je suis la gentille animatrice des conseils de classe, organisatrice de la sortie « prise de contact » en début d’année, la rappeleuse à l’ordre quand la Vie Scolaire ou les documentalistes me sollicitent, et on voudrait en plus que je fasse le travail des Conseillers Psychologues d’Orientation (appelés couramment « COPS », ce qui ne fait sourire que les profs d’anglais.). Plutôt que de faire leur travail et ainsi favoriser la suppression annoncée de leurs postes, je leur envoie régulièrement des élèves, prenant parfois moi-même les rendez-vous, quand mes secondes traînent des pieds, et vérifiant qu’ils y sont bien allés.

L’orientation, c’est aussi informer les parents, qui le sont déjà par les bulletins de notes, et qui sont cordialement invités à une première réunion d’information mi-octobre, puis une rencontre individuelle juste avant noël, (c’est là que ceux qui viennent décident s'ils pourront économiser en privant leur enfant de MP3 ou de playstation…). Par ailleurs il y a une feuille dans le cahier de textes où l’élève doit, selon le règlement, inscrire régulièrement les notes obtenues. Mais, c’est là que le bât blesse, car la communication et la confiance réciproque, entre les parents et leurs enfants de 15 ans, ce n’est pas une vérité universelle. C’est pourquoi, jeudi et vendredi soirs après mes cours, alors que je recevais les parents dont les vœux provisoires ne correspondaient pas à notre décision provisoire, j’ai eu l’impression d’annoncer des nouvelles parfaitement inattendues. J’avais convoqué les familles tous les quarts d’heure, et je dois dire que j’ai fait mieux que ma généraliste : jeudi je n’ai pris aucun retard, et vendredi je ne suis sortie que 7 minutes après l’heure prévue !

J’ai eu droit au père sûr de lui, et péremptoire, qui clame que de toutes façons c’est lui qui décidera du passage ou non, semblant oublier qu’il y a une procédure légale, une commission d’appel, etc, et qui s’enorgueillit d’avoir déjà tout décidé pour son fils, en l’occurrence il fera une école d’ingénieur comme son frère ! Le fils est livide et impassible à côté, alors qu’il est vautré et insolent d’habitude… Il y a eu aussi la mère de celui à qui je voulais surtout donner un coup de pied aux fesses moral, vu que je ne suis pas idiote, et sais très bien qu’on n’empêchera pas 19 élèves (nombre de cas convoqués…) de passer sur une classe de 34 !, qui n’est là que pour le défendre coûte que coûte. Eh bien, Madame, si vous souhaitez que votre fils reste fumiste, et gâche ses possibilités, libre à vous. J’ai aussi essayé d’expliquer à des parents psycho-rigides et hyper angoissés, que leur fille aurait besoin de faire du yoga ou de la sophro avant les devoirs, pour ne pas perdre 90 % de ses moyens… Mais l’émotivité et la tétanie qui en découle semblent « courir dans la famille » (comme disent les anglais). Plusieurs aussi prétendent (le croient-ils vraiment ?) que leur enfant pourra en un mois rattraper deux ou trois points de moyenne générale ! Bien sûr ils lui paieront des cours particuliers tout l’été (Bourreaux d’enfants !!!) Un autre m'assena qu'on lui  avait dit, pourtant, que nous étions un bon lycée...  Et enfin, j’ai appris qu’un élève prétendait être handicapé parce qu’il est paresseux ( !) et donc assurait qu’un redoublement ne servirait à rien et qu’on devait l’excuser… Alors que mon élève handicapé, réellement, est prêt à redoubler, pour arriver au bac, le temps et les efforts comptant moins pour lui que le but à atteindre.

Sur les 19, 14 m'ont quand même dit "merci".

Après cela, je me suis détendue hier au soleil, et aujourd’hui me suis remise courageusement au boulot, me demandant quand même si je devais continuer à provoquer ce genre d’entretiens.

vendredi, 21 mars 2008

Les vendredis après-midis me réussissent !

Compréhension orale. Une interview. Premier paragraphe. Consigne : Notez les idées-clés pour pouvoir ensuite reformuler les arguments de la maman. Question : "Pourquoi a-t-elle choisi d'habiter là où elle habite ?"

Ambition de la prof (en l'occurrence moi) : rappeler aux secondes ce qu'est un mot ou une idée-clé. "C'est un groupe de mots qui donne l'essentiel de l'information. Ne notez pas les détails donnés en plus. Par exemple si elle vivait à la campagne, elle vous parlerait peut-être des différentes couleurs de l'herbe, des nuances, etc. Mais ce qui compterait, qu'il faudrait noter, c'est la phrase [J'aime l'herbe !] Je clame ça haut et fort, en ajoutant "C'est ça qui est important !", et au même moment, je me rends compte de l'énormité que je viens de sortir, et je découvre les visages hilares de mes élèves, et les bavardages pleins de commentaires ...

En grande professionnelle, j'ai réussi à poursuivre l'exercice sans rougir, ni rire, et j'espère n'avoir aucune plainte de parents parce que la prof d'anglais de leur enfant clame ses goûts illégaux.

jeudi, 13 mars 2008

Je fais un métier formidable

 Bulle a dit : "Ed, le portrait de tes six élèves les plus atypiques, ou turbulents au choix."

Ce que je préfère dans mon métier, ce sont mes élèves. Tant mieux finalement parce si je calcule bien, j'en ai eu pas loin de 5000 en 25 ans. Un peut moins que ça quand même, puisqu'il y en a que j'ai eus plusieurs années de suite, et que j'ai été un an stagiaire, et deux ans à temps partiel, et donc ai eu moins de classes ces années-là. Bien que je dise parfois qu'ils m'horripilent, m'agacent, me fatiguent, et j'en passe, il y a aussi eu, comme je le disais récemment chez Telle, des moments de bonheur et voici les six élèves dont je me suis souvenue en premier :

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Il y a eu Celle Qui Est Devenue Prof Des Ecoles. En 4ème et 3ème, elle était hyper dynamique, rigolote, gentiment insolente, et elle n'a pas changé. Parfois le mercredi elle m'envoie des blagues hilarantes par internet, et récemment elle est venue me montrer son gros bide de son troisième enfant. Si elle se reconnait par hasard sur ce blog, qu'elle m'excuse de ne pas l'avoir encore félicitée pour ce dernier moutard ! Sa vieille prof n'ayant pas oeuvré en ce sens, elle repeuple la région...

Il y a eu Celui Qui M'Avait Offert Une Broche En Pâte A Sel en forme de salade de fruits. Il était brillant et intelligent, et rêvait de devenir cuisinier. Tous les ans jusqu'à sa sortie du collège, j'ai porté sa broche au moins une fois par an, m'arrangeant discrètement pour qu'il le voie. Récemment j'ai découvert sur internet qu'il avait fait un master de restauration. Bravo !

Il y a eu Celui Qui Etait Un Gentil Gothique très fier de me montrer sa nouvelle jupe, et ses énormes chaussures montantes, véritables armes en puissance, qui s'étonnait que les gens le regardent bizarrement dans le bus, et que les profs parlent de lui... Depuis je l'ai rencontré, tout en noir, mais dans un autre style, il étudiait le commerce.

Il y a eu Celui Dont Tout Le Monde Me Disait De Ne Pas L'Emmener En Angleterre, et qui s'était avéré plus efficace comme assistant que le collègue qui nous accompagnait ! Un jour, sans se rendre compte que ça aurait pu me fâcher, il m'a prêté un disque de Ben Harper, que je ne connaissais pas à l'époque, en me disant "Vous allez sûrement aimer, ma mère adore !". J'avais à peine 35 ans, et lui 17 et demie...

Il y a eu Celle qui était mutique en CPPN. La Ceupeupeuneu, vous ne savez peut-être pas ce que c'était. Une classe de 15 à 20 élèves en grande difficulté, pas que scolaire ! Elle, elle refusait de décrocher un mot aux adultes. Un jour, un peu par provoc', le nounours accroché à sa trousse m'a répondu. Je n'ai pas ri. J'ai accepté, et toute l'année, le nounours a fait de grands progrès en anglais.

Et enfin, il y a eu Celle Qui M'a Ecrit Deux Jours Après Les Résultats D'Examen pour me demander si on pouvait être heureuse en vivant avec une femme, parce que sa maman lui affirmait que non. Je lui ai assuré qu'on ne pouvait être ni plus sûre, ni moins sûre d'être heureuse avec une femme qu'avec un homme. J'espère qu'elle est toujours amoureuse. En tous cas, elle m'a appris que si mes collègues semblent bouchés parfois, je n'avais pas besoin de faire mon coming-out auprès de mes élèves...

Laissez-moi au moins six commentaires, je serai contente, et ne taggerai personne !

vendredi, 29 février 2008

Shakespeare ou pas Shakespeare...

Cet après-midi j'interrogeais pour le bac blanc en anglais de spécialité en L. J'ai eu confirmation que je faisais bien de ne pas faire étudier d'oeuvres trop anciennes à mes élèves. Il y a deux ans, j'avais étudié Sula de Toni Morrison, et cette littérature moderne, parfois un peu choquante pour mes jeunes élèves, les avaient fait avancer. Cet après-midi, j'ai eu l'impression qu'en me commentant leurs extraits de Macbeth, ils avaient déjà mis tellement d'énergie à comprendre cette langue ancienne, les symboles et métaphores expliquées par leur prof, à mémoriser tout cela, qu'ils ne parvenaient plus à y ajouter une analyse personnelle. Je manque peut-être d'ambition. Certains vont me dire que je prône un nivellement par le bas. Mais non. En enseignant l'anglais de spécialité, j'ai envie de leur montrer qu'ils peuvent lire des livres entiers en anglais, sans souffrir. Et Shakespeare ne me semble pas l'idéal. Les faire assister à une pièce, leur proposer des extraits, OK. Mais l'oeuvre entière ! En fait le programme de cette option, me semble toujours fait en fonction des derniers programmes des capes et agregs. Comme si l'inspection générale se disait : comme ça les profs auront quelque chose à dire ! Rappelez-vous messieurs d'en haut, que mon capes date d'il y a 25 ans. Quand il faut choisir l'oeuvre parmi les douze proposés par le BO, j'ai toujours un dilemme. Soit je choisis un livre pas cher (un ou deux euros), mais c'est un pavé, plein de mots et expression d'antan que mes élèves ne connaitront pas, de références culturelles qui seront à des miles et des miles d'eux. Soit je choisis un roman contemporain, moderne, qui leur ouvrira peut-être l'esprit sur un autre monde, mais contemporain, ou vu par un oeil contemporain. Mais là, le prix fait souvent peur. Alors j'arrive en classe avec le pavé, et le livre que j'ai choisi. Je les laisse feuilleter à mes élèves, leur photocopie la première page de chaque, et leur choix est fait ! Ils économisent. Quand ils seront en fac, ils auront d'autres défis, et s'ils savent qu'ils ont été capables de lire un roman en terminale, ils feront l'effort de lire quelque chose de plus dur. Sinon, ils risquent tout simplement de changer d'orientation par découragement.1176196706.gif553194709.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En attendant, tout à l'heure, j'ai souffert, et eux aussi.

 

mercredi, 06 février 2008

Dos cassé, tête éclatée...

80 profs mal assis dans un amphi... Les premiers avaient des tables, ceux du haut leurs genoux... Les myopes squattaient les premiers rangs et même de là on ne voyait rien sur l'écran. f899d4979c57949be959606568f90b37.jpgToute une journée avec pour thème : l'évaluation des stagiaires. En fait, au programme, l'évaluation dans nos cours, selon le cadre européen. Soyons positifs ! C'est le mot d'ordre. Cela n'était pas inintéressant, mais je me refais le même programme après les vacances. Si j'avais su que j'en apprendrais si peu concrètement sur le Carnet de Bord Informatique, j'aurais pris mon après-midi ! Mais peut-être n'aurais-je pas mérité mon avancement d'échelon que m'annonçait ce soir le syndicat... Je ne peux plus aller plus haut sur l'échelle, sinon, je suppose que ... je tombe ! 5d8a791153aed96c6d946e599e84ba5c.jpg15 ans à faire à cette altitude. Vais-je y parvenir ?